MORIN

6.00 EUR

Charles Morin
• Céleste
• Du pain et des rolls

Extrait de Céleste ::
Le désordre est un départ. Par des bravades éthyliques, j’essayais de me faire homme alors que je n’étais encore que petit garçon. J’étais très précisément au centre de l’œil d’un cyclone psychique. Que pouvais-je bien chercher au bout de toutes ces nuits passées à me soûler aussi bien d’alcool que de mots et quand trop ivre de ces deux choses, las de me vomir à l’oreille des jeunes filles, c’est à la cuvette d’un cabinet anonyme que j’allais à confesse ?

Dans un mois j’allais avoir vingt-deux ans. Ceci était peut-être un début d’explication car il me venait à l’idée que c’était terrible. Je ne savais absolument pas comment je serais, ce que je serais après. Au fond, ç’eût été un moment merveilleux pour mourir si j’avais cru à la littérature ; alors que faire ? Mourir ou non ? Il y a des gens qui font de l’argent, d’autres de la neurasthénie, d’autres des enfants. Il y a ceux qui font de l’esprit. Il y a ceux qui font l’amour, ceux qui font pitié. Depuis le temps que je cherchais à faire quelque chose. Pour moi, peu à peu, la vie était devenue une prison et la plus terrible de toutes, parce que pour s’en évader il m’aurait fallu passer l’arme à gauche.

Si je me réjouis, aujourd’hui, de ces débauches passées, c’est que je ne m’en remémore longuement que de scabreux détails et en suis heureux le plus souvent ; la saveur d’un cul, d’une bouche, d’un sein, surtout la sensation d’une nudité : une fille plus nue qu’une autre, miraculeusement nue, quelquefois dans ses bas, sa ceinture, un manteau, une autre fois toute nue, les pieds nus. Mais toujours sa fente offerte à mes yeux, à mes mains – parfois même à d’autres yeux –, à quel point la bouche d’une fille est profonde, plus profonde que la nuit, que le ciel, en raison du derrière qu’elle a nu.

+ Dimensions 15 X 21cm
+ Support papier bouffant
+ 2 feuilles pliées l'une dans l'autre
+ Édition fanzine

☞ À noter.
► Expédition sous 8 jours
► Fabrication à la main, en France