ŒILLET








Œillet
❝vous l’avez déjà lu rien ne m’obsède plus qu’une bonne queue admirable excentrique redoutable lorsque j’en suce une je n’ai plus de chez moi lorsque je suce c’est tout droit et de travers du haut vers le bas comme un dentier qui déraille je respire mal sous les poils je ne suis ni belle ni laide j’ai le physique de la banalité « Banale. Elle a cette noblesse de la banalité. Elle est invisible. » comme l’écrivait Marguerite Duras pas assez belle pour choisir trop ordinaire pour faire la fine bouche le foutre a une odeur de liberté les bourses sont un poids sur mon cœur ma langue a le goût d’une jeune fille le jus qui s’échappe de ma fente a l’odeur d’amande je ne perds plus de sang ma mère aimait la poésie de Pouchkine très théâtrale elle disait je suis triste depuis que tu es née et elle riait aux éclats elle avait le goût du drame et moi je la comprenais qui mentait sans cesse pour s’inventer une vie autre l’iris était sa fleur préférée je n’aime pas les œillets à cause de ma mémé qui disait Marie-Laure vient te laver l’œillet et elle me donnait un gant de toilette humide j’étais une enfant hardie solitaire et gaie l’été je faisais sécher mon œillet au soleil je léchais mes doigts salés par la mer je croyais au bonheur au destin mon pépé tirait les cartes me prédisait une vie triste et sans amour il avait tort à 90% comme l’écrivait Ezra Pound dès les premières lignes de cette page j’ai voulu écrire de la pornographie mais l’envie n’y est plus pardonnez-moi je sais que vous l’attendiez la pornographie est la chair elle est donc vivante mais mon corps est meurtri je devais assembler des textes et écrire et si je n’étais pas venue ici j’aurais certainement cessé d’écrire ce que j’ai fait il y a déjà quelques livres❞